Je suis issue de la bourgeoisie provinciale, Moulin dans l’Allier (03000). Mon statut social favorisé m’a permis de ne pas souffrir du besoin et d’appréhender les fins de mois difficiles. Mais par ces temps de crises économiques, des restrictions budgétaires, je me voudrais de profiter d’une situation que beaucoup d’entre nous vivent mal. Aussi, n’étant pas d’une nature oisive et de par mes principes de vie, ai-je décidé un jour de travailler. Certes j’aurais pu sans mal trouver un poste de DRH ou d’assistante de direction dans quelque société importante, mais ce ne fut pas mon intention. En parcourant assidument les petites annonces d’un quotidien local, je sélectionnai en priorité des emplois de vendeuse, serveuse, aide à la personne ou aide ménagère, etc. Un jeudi de juillet 2012, je répondis à une annonce passée par un retraité de l’armée qui cherchait une gouvernante, « une maîtresse de maison exigeante et ordonnée, rendez-vous entre 13h00 et 13h30 » dixit l’annonce. Je téléphonai. Une voix d’homme posée me donna rendez-vous le jour suivant à 14h00 précise.
Ce vendredi je me rendis à l’adresse indiquée dans le centre de Moulin-sur-Allier. Arrivée devant un portail en fer forgé imposant, je sonnai à l’interphone et la même voix d’homme m’invita à entrer et à traverser la cours intérieure. Celle-ci était faite d’un dallage irrégulier en grosses pierres de taille ; un calme y régnait. Devant l’entrée principale d’un hôtel particulier datant du début du XIXème siècle, je tapai deux coups secs du tampon en forme de tête de lion. Un homme, le maître des lieux, m’ouvrit. C’était un homme distingué, vêtu d’un blazer bleu ciel ; sa stature et son port de tête témoignaient d’une mâle assurance sereine. Vous comprendrez sans peine que je ne peux ici citer son nom. Depuis bientôt une année, j’appelle respectueusement cet homme de bien, Monsieur Édouard.
Monsieur Édouard me fit entrer dans un salon à la décoration riche et précieux où dominait une atmosphère de confort. Je m’assis face à lui dans un fauteuil de velours épais. Monsieur Édouard m’offrit un verre de cognac et commença à me mettre à la question sur mes expériences professionnelles, ma conception du travail et sur ma vie. Il vat sans dire que pour ce premier entretien je me gardai de toutes allusions à mon statut social. Mais l’on n’apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces n’est-ce pas. J’appris quelques jours plus tard que Monsieur Édouard m’avait devinée ; il est dans les manières de chacun (posture, démarche, port) des indices inconscients de notre nature. Mais Monsieur Édouard ne me fit à ce moment aucunes remarques. Ravi de notre entretien, Monsieur Édouard me proposa un mois d’essai. Je vous passe les détails du contrat ainsi passé.
Le lundi suivant, Monsieur Édouard me fit visiter sa demeure : grand salon, fumoir, cinq chambres, salle de bain spacieuse, cuisine toute équipée, salle à manger. Si j’avais accès à l’ensemble de l’hôtel particulier, il m’était formellement interdit de descendre dans la cave qu’une porte condamnait et que seul Monsieur Édouard détenait la clef. Je respectai ce point. Donc je commençai mon service ce jour. Détail important : Monsieur Édouard portait une importance toute particulière à l’étiquette. En effet, Monsieur Édouard imposait le port de l’uniforme à sa maîtresse de maison : jupe noire, chaussures noires vernies, chemise blanche avec col amidonné et collants ou bas sombres. Accessoirement un tablier brodé complétait l’uniforme. Chaque semaine je prenais mon service à 8h00, l’interrompais à 12h00, le reprenais à 13h00 pour le terminer à 16h00. Quand Monsieur Édouard recevait, il m’arrivait de rester plus tard afin d’assurer le service pour ses invités. Mais jamais alors je ne devais être chez moi après 20h00.
Au fil des jours, une relation amicale fondée sur l’obéissance, la discrétion et l’intérêt suprême du service de maison s’était instaurée entre Monsieur Édouard et moi. Un mois s’était écoulé sans que Monsieur Édouard n’ait à redire de mes prestations de maîtresse de maison à son service. Au 15 du mois d’août vint sa décision de me garder à sa maison. Décision qui à ma surprise devait être volontairement acceptée de moi. Surprise, déstabilisée et ne comprenant pas pareille démarche, je demandai à Monsieur Édouard une explication, le pourquoi moi ? C’est alors que mon intrigue fut déjouée : Monsieur Édouard avait fait une enquête me concernant comme le ferait un officier de l’armée riche de détails et d’informations (où j’habite, où j’ai étudié, qui je voyais au sortir de sa maison, mes habitudes, etc.). Monsieur Édouard m’informait qu’il avait deviné par ma démarche et mon port que j’étais de la bourgeoisie et ayant fait de hautes études. Mais là n’était pas le cœur de son propos, Monsieur Édouard devait me montrer une chose qui devait me décider : sa cave.
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